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Une pensée du Courneau

"Tirailleurs sénégalais"

D 12 novembre 2011     H 09:52     A Annie Lesca     C 0 messages


Il y a trois ans, la lecture du blog d’un ami m’avait poussée à écrire un billet sur notre cimetière des sénégalais.

Lisez aujourd’hui cet article de Julien Baffaud

Une pensée du Courneau

Ce documentaire, réalisé avec Grand Angle de Bègles, sera diffusé la semaine prochaine, le 16 novembre, à 23h55 sur France 3.

C’est le récit d’une sombre Histoire rappelée par le film de Serge Simon.

On est plus habitué à son humour potache lorsqu’il commente le rugby sur différentes chaînes mais c’est un Serge Simon investi et nerveux qui présentait en Avant-première, ce mercredi 2 novembre au cinéma Jean Eustache de Pessac, un document poignant sur le « Camp du Courneau » près de La Teste, dans lequel jusqu’à 17.000 « tirailleurs sénégalais » ont été installés dans l’agitation et la confusion de la première guerre mondiale. Un cauchemar sanitaire qui verra mourir 940 soldats sans combattre. Un film nécessaire, qui participe du devoir de mémoire.

Le camp du Courneau, monté en quelques semaines de l’année 1916, est construit sur une zone marécageuse insalubre et principalement constituée de baraquements faits de carton goudronné qui se voient criblés de trous à la moindre averse. Dans les conditions climatiques dantesques de la première guerre mondiale, ceux que l’on appelait « les tirailleurs sénégalais » et qui étaient en fait des africains de tous pays, ne tardèrent pas à tomber malades en nombre. Essentiellement de pneumonies contagieuses fulgurantes.

Le camp du Courneau, bientôt baptisé le « camp de la misère », verra mourir 940 soldats en l’espace de 14 mois, les autres étant envoyés se battre aux Chemins des Dames. Les survivants n’évacueront le site qu’en 1917 ne laissant derrière eux que les tombes de leurs frères tombés ainsi que les hôpitaux et cimetières surchargés qui ne pouvaient plus les accueillir.

Un film pour la mémoire

De son propre aveu, Serge Simon, ancien international et double champion de France de rugby, ne connaissait la zone du camp du Courneau que par un petit chemin de terre, populairement baptisé « le chemin des Sénégalais », qu’il empruntait pour échapper à la gendarmerie lors de soirées un peu trop arrosées. C’est avec le temps que l’ancien pilier gauche bèglais et médecin de formation commence à s’intéresser à l’histoire de ce camp, destiné à recevoir des membres de la force Noire du commandant Mangin partis en hivernage.

Parti en quête d’informations, Serge Simon apprendra, grâce à Jean-Pierre Caule un historien spécialiste du sujet et qui n’a d’amateur que le nom, que le camp était à présent presque intégralement détruit et que les tombes laissées par les africains avaient été vidées de leur contenu mortuaire, regroupées afin d’en faire un ossuaire sans noms.

Il a fallu attendre presque cinquante ans pour qu’un monument aux morts soit érigé (en 1967) au lieu-dit du Natus mais qui ne fait, cependant, toujours pas état des noms des 940 tirailleurs. Une inscription pourtant réclamée de longue date par les familles et les associations mémorielles.

C’est en faisant face à ce pan oublié de notre Histoire nationale et régionale que Serge Simon décida de parler pour ces tirailleurs, partis se battre pour la France et qui y ont été oubliés. Un document mémorable.

  • Retrouvez le nom de chacun de ces hommes sur l’enquête de Jean-Michel Mormone, Patrick Boyer et Jean-Pierre Caule « 1914-1918. Le bassin d’Arcachon » ; ouvrage édité par la société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch .
  • exposition photo au Conseil Régional en février-mars : L’Hôtel de Région a accueilli une exposition du photographe Loïc le Loët consacrée aux tirailleurs marocains. L’occasion de mettre en lumière leur engagement aux côtés de la France lors des grands conflits du XXème siècle, et de faire écho au combat mené par la Région Aquitaine pour la pleine reconnaissance de leurs droits.
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