Conte Peul du monstre qui n’aimait ni la musique ni la danse
23 janvier 2019 12:02 0 messages
article escriut per Valèria e Ania
Super-héros d’Odysseus-Libre |
Mardi 22 janvier, Cheikh Tijaan Sow a régalé les collégiens de 6ème de Cestas d’un de ces interminables contes africains aux multiples rebondissements où les métaphores abondent, qui ne se contentent pas d’instruire mais imprègnent les auditeurs — par les mots, les gestes et les sons — d’une culture aux valeurs universelles. Un conte ne se contente pas de distraire, il enseigne, comme le faisaient les fables d’Ésope. Cet article est dédié aux pitchouns qui se sont "ennuyés" pendant le spectacle, trop occidentalisés pour apprécier sans préparation ces retrouvailles avec le monde des émotions et des sensations.
LE CONTE tel que nous l’avons entendu, Valérie et moi
Il était une fois un monstre terriblement laid qui vivait près d’un village au Mali ; il exigeait qu’une jeune fille lui soit livrée tous les ans et la dévorait. Neuf mois plus tard, il enfantait seul d’un garçon, aussi laid que lui. Désespéré, il se débarrassa de ses trois premiers fils. Il jeta le premier dans un volcan, le suivant au fond de l’eau, et le dernier dans un tourbillon ; ils se transformèrent en trois Génies.
Lemonstre finit par aller demander conseil à une sorcière.
''Il faut que je te transforme en homme'', lui dit-elle, ''MAIS à une condition : tu devras interdire la danse et la musique dans tout le pays et le bébé ne devra plus être en contact avec une seule personne de sang royal au bout de 16 mois et 13 jours.''
Le monstre accepta, se transforma en un prince riche et beau, épousa la princesse héritière et devint roi du Mali.
Il fit couper la tête de tous les chanteurs, et une jambe de tous les danseurs jusqu’à ce qu’il n’y ait plus ni danse ni musique dans tout le pays ; et la reine donna naissance à un bébé magnifique qui, dès son premier cri, n’entendit plus une seule chanson.
MAIS on avait caché aux parents que c’était une fille et non un garçon.
Le bébé fut alors confié à une nourrice et à un esclave nommé ’’’Liberté’’’. Les parents adoptifs l’emmenèrent au fin fond du pays, là où le leveur d’impôts du roi n’avait jamais mis les pieds...
MAIS personne ne savait que Liberté était en fait un grand musicien ;
Quant à sa mère nourricière, lorsque la nuit tombait, elle l’endormait en secret en chantant des berceuses et, de jour, l’instruisait de comptines et de devinettes comme elle l’avait été pendant son enfance.
MAIS un beau jour, la petite princesse voulut connaitre la vérité sur ses véritables parents et sur le secret de sa naissance. À force d’en parler à droite et à gauche, la rumeur finit par atteindre le palais royal. Le roi, furieux, envoya ses meilleurs soldats assassiner le trio. Liberté mourut en voulant les défendre toutes les deux.
- La princesse alla consulter la sorcière : pour conjurer le sort, il fallait qu’elle recherche ses trois frères ;
- et elle mémorisa le conseil de Liberté à sa mort :
Si tu rêves au fond de toi-même, tu y arriveras !
Écoute dans le vent le sanglot du feu !
C’EST ALORS QUE LES SOLDATS DU ROI REPARTIRENT À LEUR POURSUITE
Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? par Walter Crane |
ALORS, en voyant la poussière soulevée dans le désert par le galop de leurs chevaux, la princesse et sa marraine s’attachèrent à la queue d’un âne pour leur échapper...
Et elles marchèrent longtemps, longtemps.
Elles atteignirent l’océan et s’assirent sur un rocher pour écouter le chant des mouettes et des sirènes.
C’EST ALORS QU’ELLES APERÇOIVENT LES SOLDATS LANCÉS À LEUR POURSUITE
ALORS un génie surgit des embruns soulevés par les vagues gigantesques :
Que t’a dit l’esclave avant de mourir ?
Écoute dans le vent le sanglot du feu !
ET elle découvre l’harmonie du son des vagues, des mouettes et des sirènes.
Devinette : Qui va de village en village sans jamais se déplacer ?
Noémie : le chemin.
Oui, chacun peut tracer sa propre route.
Et elles marchèrent longtemps, longtemps.
et atteignirent une montagne en feu, c’était un volcan en éruption, entouré d’air suffocant.
C’EST ALORS QU’ELLES APERÇOIVENT LES SOLDATS LANCÉS À LEUR POURSUITE
ALORS un génie surgit des flammes :
Que t’a dit l’esclave avant de mourir ?
Écoute dans le vent le sanglot du feu !
Ah oui, le deuxième don de la musique, le rythme !
Devinette : Qu’est-ce qui est plus large que l’arbre et pèse moins qu’une plume ?
Camille : l’ombre.
Oui, elle a toujours la même couleur quelque soit notre différence de peau ; elle est toujours noire, quelle que soit notre couleur !
Et elles marchèrent longtemps, longtemps.
Épuisées, elles furent arrêtées par une tempête effrayante et écoutèrent le vent qui siffle et hurle ;
ALORS un génie surgit d’un tourbillon et de l’air qui passe.
Que t’a dit l’esclave avant de mourir ?
Écoute dans le vent le sanglot du feu !
Ah oui, le troisième don de la musique, la mélodie !
Devinette : Quel est le pays d’où l’on vient tous et où l’on ne peut jamais retourner ?
Mathias : le ventre de sa mère.
Oui, une fois sortis du ventre de sa mère, on est tous des migrants, errant pleins de nostalgie.
Et elles marchèrent longtemps, longtemps.
Elles arrivèrent enfin au palais,
MAIS quand la première goutte de sang de l’esclave Liberté avait touché le sol, tous les esclaves s’étaient révoltés, le roi avait été déchu et était redevenu monstre.
La petite princesse ne peut plus prétendre devenir reine.
AU JEU DES QUESTIONS-RÉPONSES
- Qu’est devenue la reine ?
Ce n’est pas important, elle a mis au monde un enfant qui a changé le cours des choses.
- Vous avez écrit un livre ?
Écrit par un orphelin, un enfant de la rue, illustré par un artiste espagnol : imprimé au Sénégal, éditeur québécois.
En openedition, sur Internet.
- Vous jouez de plusieurs instruments de musique ?
avec des calebasses et des graines de courgettes.
- Comment connais-tu toutes ces histoires ?
C’est ma maman qui me les racontait.
Je les invente pour répondre à mes enfants, par exemple - quand notre fille nous dit : Je voudrais être blanche comme Maman !
- ou quand notre fils nous dit : J’ai peur du loup !
- Chez les pygmées, l’arrivée d’un second bébé dans une famille est vécue comme un événement traumatisant. Il faut créer une histoire tous les soirs !
- Il n’y a pas un conte mais des versions d’un conte, qui joue avec les peurs, les désirs, les espoirs.
- Tu donnes des concerts ?
Oui, au saxo et je chante. J’ai été accompagné par un accordéon en Vendée. J’ai participé à un concert de musique afro-cubaine.
Et pour finir, une dégustation de thé vert à la menthe et une séance d’autographes.
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