Es pec, lo praube tipe !

Mon père / mon grand-père nous racontait l’autre soir une anecdote rapportée par une de ses amies, Mme ASTIER, qui tenait une épicerie près de St Ferdinand, le quartier des marins, à Arcachon-33 quand il était enfant.

Le mari de Mme Astier était pilote maritime : il dirigeait les navires qui voulaient rentrer ou sortir du bassin d’Arcachon, ceci se passe il y a un peu plus d’un siècle.

Des navires anglais venaient charger des billons de jeunes pins, pour en faire des poteaux de bois afin d’étayer les galeries des mines de charbon britanniques ; le pin étant apprécié car il ne souffrait pas de l’humidité.

Mr Astier, "montait" à bord, guidait le navire puis "redescendait" à bord de son bâteau une fois qu’ils étaient arrivés ou sortis des passes.

Il advint un jour que la mer était tellement démontée qu’il ne put débarquer du navire anglais ,— il n’y avait pas d’hélicoptère à l’époque — aussi continua-t-il le voyage jusqu’en Angleterre. Il n’en revint que plusieurs semaines plus tard, avec le navire suivant, complètement tourneboulé par son aventure :

Là-bas il avait vu mettre un grand drap sur un grand mur, et il avait vu des hommes marcher sur le drap.

— "Es pec lo praube tipe !" se gaussaient les arcachonnais de l’époque, "L’Angleterre l’a rendu fou !"

En fait Mr Astier avait assisté à une des premières projections cinématographiques.

Pour rappel, les Frères Lumière ont organisé leur première projection cinématographique publique et payante à Paris le 28 décembre 1895 et à Londres l’année suivante.