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Vieussens aux Prés Salés

La Teste, 11/07/04

D 13 juillet 2004     H 07:39     A Annie Lesca     C 0 messages


Dans le cadre du festival testerin de Jazz-en-Buch, Christian Vieussens s’expose

Cette semaine, une quinzaine de tableaux de C.V. sont suspendus à la verticale aux parois d’une tente de cirque, chemin de croix qui donne à voir : miroir de nos calvaires ? relecture de plongées d’un musicien dans le monde du silence ?

A l’ombre d’un petit chapiteau
Le fifre et ses cousins au repos

Sous une tente où la lumière ne filtre que par une petite échappée jaune, un gisant repose

"L’échappé vif", par JB, avec l’autorisation de reproduction de CV

Et l’ami, tu la vois l’Ombre ?

Je ne vois rien sinon ta peinture

Tu la vois l’ombre ? Le bruit sourd ? Le son trouble ?

Je ne vois que tes couleurs qui se jouent de moi.

Tu ne vois pas l’ombre ? Tu ne vois rien ?

Je ne vois que ce que je vois Vieussens ! Je vois des champs de guerre, des amertumes emplumées jusqu’au satin, des plans infernaux où des cerveaux bataillent, des belles d’aventures dont les couleurs fusent dans le cratère d’une longue absence. Je vois des arabesques étripées au matin timide d’effroyables chevauchées. J’entends le son lointain de cette flûte de Jade qui tortille les corps et les fusionne en cris naissants.

Je vois en un temps de pinceaux, des milliards de notes qui ne se mélangent plus, des temps qui ne s’arrangent guère avec l’allegro non tropo.

Et l’ombre ?

Je ne vois pas l’ombre, je n’entends d’ailleurs plus rien, ne sais plus dire ou sentir.

Toucher ?

Comment toucher une toile ? Les mots sur une toile, Vieusssens, c’est pire que d’en parler. Dire des mots sur ta peinture serait oser mettre une musique entre le rouge et le bleu. Entre le trait et l’après. Entre l’abstrait et le signe.

Les mots, ce ne peut pas être comme la peinture. C’est des mondes, au pluriel, avec l’avantage du défigurées.

Les mots, quand ils crient sur ce papier, sur ce carton, c’est bien pire que s’il n’y avait rien. C’est dire ! Ce ne sont même pas les pires mots que la peinture donne mais ils ne seront jamais rien sans les couleurs.

Les couleurs ont un sens. Elles seules en ont un. Elles se précipitent dans un puits d’enfance et se gascognent en multiples enfances, entre terres et mers, elles se racontent et se rencontrent, s’amusent et t’invitent à venir t’y rejoindre. Je suis pris au piège de mes toiles.

Les toiles. Gratter les toiles, les entendre geindre, les approcher, leur parler, leur mentir et n’en voir qu’une seule, l’envisager, la remarquer, la poindre, la draguer, même pas à demi-mots, réfléchir pour la mutiler, la murmurer, la plaindre, la peindre, malgré elle, l’aimer, la comprendre et mélanger tout ce qu’il y a en elle. Ne plus l’aimer justement, Entre la toile et l’ombre, choisir son clan, l’emmener vers des ailleurs, la transformer, l’aimer encore, et de nouveau, la pleurer et l’éponger, lui donner des ors et des encens, des ocres en quelques sens, ou rien du tout.

Tu voudrais balancer ta peinture dans les bras du vent.

Je voudrais que ma Gascogne, ma Mancha, toute mon Andalousie s’embrasent de ces nouvelles couleurs du ciel.

Tu vois l’ombre ?

Franchement, je n’y arrive pas !

Il n’y en a plus !

Vieusssens ne saurait mentir.

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