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Politiques documentaires jeunesse à l’heure du numérique

misajour 20120604

D 31 mai 2012     H 19:53     A Annie Lesca     C 0 messages


Suite à la journée d’étude de l’an dernier à Mérignac, une seconde journée se focalisant sur l’arrivée du numérique vient d’être organisée à Bordeaux IV sous l’œil bienveillant de Montesquieu et de l’humaniste toulousain Cujas.

Terpereau Jules-Alphonse en 1886

J’ai particulièrement apprécié le pluriel du titre et la pluralité des interventions. Le programme est en ligne sur le site de La joie par les livres.

Voici quelques remarques en vrac sur ce qui a particulièrement retenu mon attention pendant cette journée, et quelques liens "pour aller plus loin".

  • Les bases communes à tous, incontestées, dans le domaine de la lecture dès l’enfance, et de l’acte de lire, ont été posées par les fondateurs d’ACCES. Un prétexte pour relire Diatkine et ses collègues !!!
    Tous les intervenants ont constaté que c’est en effet le secteur jeunesse des bibliothèques qui sert de révélateur aux problèmes qui vont se poser dans chaque établissement, qui les fait émerger et bien souvent qui met aussi en route les solutions.
  • L’accès public à internet dans les bibliothèques provoque une véritable révolution des usages. Mais l’introduction du numérique prend du temps, ce qui a l’avantage de laisser du temps au personnel pour adapter ses pratiques, se former et accepter peu à peu l’éclatement de la notion de collection qui était le cœur de métier du bibliothécaire. Mais ce qui nous bouscule, "c’est la dématérialisation" des documents.
  • Par ressources numériques, il faut distinguer trois sortes de ressources :
  • les documents numérisés par chaque bibliothèque
  • les documents électroniques acquis : livres, revues en ligne, bases de données en ligne
  • internet gratuit (65% des bibliothèques actuelles)
  • Le numérique renforce la créativité.
  • Le blog de Bertrand Calenge (je n’ai pas retrouvé le site du Poldoc) permet d’approfondir l’analyse de l’évolution de nos modes de lecture : nous étions monophages (papivores), nous sommes devenus pluriphages (omnivores). Nous étions attachés au déchiffrement et à la collecte de traces matérielles, nous devons apprendre à lire et stocker des flux de messages, de sites web etc... Ce qui donne naissance à des usages hybrides. La lecture n’est plus linéaire, elle est "sautillante", butinante comme disent nos collègues québécois. Ici nous disons qu’elle est oblique ... et donne l’occasion de développer la sérendipité.
    Une petite digression via l’exposition virtuelle de La cocina en su tinta : je partage l’intérêt de Bertrand Calenge pour ce mode de présentation du patrimoine de chaque médiathèque ou de chaque territoire.
    Et une autre digression sur le rôle du/de la bibliothécaire, créateur/trice de liens hypertextuels entre les savoirs. "De mon point de vue, l’information n’est pas une donnée, c’est un ensemble de signes construit dans un contexte de production spécifique : ici un livre, là un article, là encore un discours, ou encore un film, une musique, une base de données, etc. Mais pour un bibliothécaire cette information n’accède à l’existence qu’à travers le sujet qui s’en est emparé et se l’est approprié. Je propose de passer du document ou de l’information à la provocation de connaissance, comme appropriation et interprétation des données informatives véhiculées."
  • Les compétences demandées aux bibliothécaires se rapprochent de plus en plus de celles des archivistes (contenus et origines, et non plus simple gestion des supports et des métadonnées) et ce sont les usagers qui nous obligent à renouveler notre conception du métier. D’où une certaine convergence des métiers, par exemple avec les CDI des collèges
  • La mission pédagogique est essentielle. Même si les bibliothèques sont absentes du discours politique actuel, elles sont devenues une école après l’école, un lieu d’apprentissage qui rééquilibre les disparités d’accès et d’opportunité :
  • les ressources par ailleurs payantes y sont en libre accès,
  • des lieux et horaires pour le travail ou les recherches à plusieurs sont proposés pour des enfants, des ados qui n’ont pas forcément ces opportunités à domicile,
  • les agents de médiation que sont les bibliothécaires de jeunesse, grâce à leur polyvalence, sont là pour faciliter l’accessibilité au savoir.
    Cette vibrante apologie de Benoît Thulé (du dépôt légal de la BNF) m’a particulièrement interpellée et confortée dans mes démarches actuelles de prof-à-la-retraite.
  • Une cartographie (sécurisante, comme toute tentative de matérialiser le virtuel) de l’archipel des ressources numériques est proposée par Christophe Robert ;

  • Le diaporama de l’intervention de Thomas Chaimbault est en ligne sur. On y trouve par exemple
    un rappel sur les aspects éthiques liés à l’utilisation des ebooks,
    le catalogue du tout nouveau CAREC,
    et des données statistiques sur l’utilisation d’internet, basées sur l’enquête de 2006 du CREDOC, "Pour trouver des informations pour aider les enfants dans leurs études, 19% des français ont le réflexe d’aller en bibliothèque, 49% vont sur internet, 7% vont en librairie, 16% en hypermarché et 6% mobilisent leur réseau relationnel."
    .
    Présentation très bien écrite sur son blog au lundi 4 juin 2012.
  • Un bémol, au hasard des interventions, mais ceci est une réaction personnelle. À une question concernant "le risque à prendre en mettant les vidéos de Youtube sur notre portail" sans vérifier les licences et les droits, la réponse a été ambigüe, du genre : Jusqu’où peut-on aller trop loin au nom de l’expérimentation ?
  • Nous avons entendu à plusieurs reprises ce constat que les ressources numériques documentaires prévues pour les jeunes étaient utilisées par des moins jeunes (et pas uniquement parents ou éducateurs) ; mais à aucun moment n’a été évoquée l’interprétation plausible de l’illettrisme : et pourtant à mon avis, l’anonymat de l’accès permet à des gens qui ne savent lire que cahin-caha de rentrer peu à peu dans la lecture, ce qui renforce encore le rôle pédagogique des médiathèques.
  • Le réseau des médiathèques d’Ouest-Provence a fait plusieurs choix qui ont retenu l’attention de l’auditoire : une politique documentaire transversale et raisonnée, une politique de formation générale, des solutions logicielles libres (pour la gestion, la publication notamment) et une gestion de la compétence plutôt que des grades.
    La Fiche domaine, évolutive, sert d’outil de pilotage du responsable documentaire avec sa quinzaine de rubriques. Pour plus de renseignements, direction le blog Bambou.
  • L’espace jeunes du site de la bibliothèque et des archives québécoises donne des pistes innovantes avec ses jeux, ses quizz, sa section thématique, les interventions d’artistes, de conteurs et de musiciens notamment.
    Un grand regret toutefois, la fermeture du site exceptionnel de l’Escale.net qu’on ne retrouve plus qu’en archive.

Bref, une invitation au voyage aux quatre coins de la France... et du Québec.

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