Mutation du musée d’Aquitaine

Non, il ne s’agit pas d’une mutation-de-circonstance pour célébrer l’Aquitaine nouvelle mais d’un changement de cap mené par le nouveau conservateur depuis son arrivée. Le nouveau projet adopté en 2011 pour cinq ans est exposé ici.

C’est dans le cadre des cours libres proposés par Antropologia et le professeur Traimond à l’ancienne faculté de pharmacie de Bordeaux le mercredi soir que François Hubert a évoqué ces nécessaires mutations. En effet la disparition de l’étage d’ethnologie régionale au profit de l’histoire maritime de Bordeaux n’aurait, d’après le conservateur, provoqué aucun regret, le "travail de deuil" ayant été accompli depuis les années 80. J’irai d’ailleurs faire un tour aux archives pour illustrer cet épisode avec des photos de la salle consacrée aux techniques de pêche traditionnelles (recherches Alberto Puig).

F. Hubert rappelle que les musées d’ethnologie se sont démarqués des musées d’art à partir de 1937 sous l’impulsion de Leroi-Gouhran et Mauss, avec l’apparition de la notion d’objet témoin ; cf. ces deux articles :

• Des objets et leurs musées, 1999, Journal des africanistes.
• Le Musée national des Arts et Traditions populaires et le Centre d’Ethnologie française.

La création des musées régionaux de Bretagne, de Normandie et d’Aquitaine s’est appuyée sur les recherches des historiens du mouvement de l’École des Annales et a bénéficié de réflexions de comités scientifiques.

Dans les années 60, la décentralisation économique (mission DATAR et métropoles d’équilibre) provoquée par une nouvelle organisation politique est venue conforter une demande sociale : à Bordeaux, le conservateur-archéologue Louis Valensi soutient une politique d’enquête et d’acquisitions ethnologiques. On passe du thème du patrimoine hérité, cher à Malraux à celui du patrimoine rural. Ce mouvement culmine en 1980 avec l’exposition au Grand Palais pour l’Année du patrimoine.