Ergonomie de l’interface d’un logiciel : icones
psychologie cognitive
19 avril 2009 20:51 0 messages
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In Actes du colloque Recherche et Ergonomie, p.174-177), Toulouse, février 1998 : Une étude de Sciences Cognitives sur l’activation des représentations en mémoire sémantique par les images et par les mots utilisable dans le cadre de l’ergonomie du logiciel ou de la signalétique, de Martine Cornejuols.
Un peu de vocabulaire
distinguer les trois niveaux :
- l’information perceptive,
- la mémoire de travail,
- la mémoire à long terme : ce sont les connaissances qui étayent la compétence, les représentations stables. Les expériences de vie permettent de réactualiser de façon dynamique ce savoir conceptuel.
Lors d’une activité, la confrontation entre les connaissances nécessaires à la tâche et les informations perceptives que l’on juge pertinentes pour accomplir cette tâche se fait en mémoire de travail.
Quelles sont les procédures qui permettent d’activer nos connaissances sémantiques ? Icones, images, mots jouent le rôle de stimuli.
Toutes les représentations imagées sont partiales et partielles, et peuvent être classées dans l’ordre croissant de simplification ou d’abstraction de la représentation :
- la photographie
- le dessin en couleur ou en NB
- l’icone
- le symbole
Le dessin a un degré élevé de similitude avec l’information perceptive. Les images se sont pas analysées sur leurs caractéristiques représentationnelles mais sur leur référent (la pipe de MAGRITTE).
L’icone informatique joue un rôle de raccourci de fonctions dans les interfaces des applications logicielles, de symbole, de représentation de la fonction : icones prédicatives qui sont l’équivalent de verbes d’action en tant que substitut du mot favorisant sa reconnaissance rapide et non ambiguë.
Elle revêt donc un caractère plus universel que le mot (mais connotations culturelles). L’icone est une représentation graphique simplifiée de l’objet mais gardant une certaine ressemblance (caracéristiques saillantes) avec lui (le référent).
Le signe iconique suppose :
- une sélection de traits canonique (caractéristique, orientation)
- une convention de transcription graphique
- étape rhétorique (pour les notions abstraites).
Utilisation en ergonomie
Dans les menus, l’image et l’icone peuvent jouer le rôle de complément d’une information verbale, ou de substitut du mot (objet ou action) :
- Icone pour activer un script d’action, prise de décision rapide automatiaue
- Menus verbaux : pas utile de décrypter rapidement
Par exemple :
- image d’une imprimante = imprimer
- mot "imprimante" = aller chercher ses caractéristiques ou détails sur la tâche par exemple
En signalétique routière, le conducteur doit pouvoir, lors du balayage visuel rapide de l’environnement,
- repérer
- reconnaître : lisibilité
- comprendre le message.
Un panneau est caractérisé par sa saillance (capacité à attirer l’attention) et sa lisibilité.
Dans un contexte numérique de compréhension rapide (voire intuitive), les icones sont conçues pour être vues et comprises en même temps. Elles sont inductrices et magnétiques.
L’utilisation des icones et des pictogrammes a pour but d’améliorer l’ergonomie et le confort de navigation,
en créant des raccourcis visuels, immédiatement perçus et déchiffrés, donc sécurisants. Telle est du moins leur vocation incontournable : rien de plus problématique qu’une icone incompréhensible. Une icone n’a pas droit à l’erreur. Son efficacité doit être évaluée strictement, sans complaisance.
Il s’agit ici de fonction de l’image, de mécanique de signe et forcément d’efficacité.
Deux exemples éloquents de créateurs "historiques" :
Susan Kare, créatrice (notamment) des icones des premiers OS Macintosh de Apple.
Icon Factory, créateurs des icones et de l’environnement desktop de Mac OS X.
Les liens complexes qui relient le sens des mots et des images sont brillamment démontrés par Magritte dans son livre-culte "Les mots et les images" (Éditions labor).
Les formes les plus anciennes de l’écriture sont les pictogrammes, les glyphes (image, en grec).
Les pictogrammes sont des réalisations graphiques à fort degré d’iconicité : ils figurent les objets du réel par analogie, mais ils se distinguent de l’icone proprement dite par leur fonction de communication. Si les pictogrammes ne sont pas vraiment de l’"écrit" au sens moderne du mot, ils sont du texte : ces dessins ou tableaux donnent lieu à la parole, transmettent socialement du sens. Le déchiffrement n’est pas celui du système de notation phonétique, mais celui d’un système iconique qui organise visuellement la signification.
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