Ausone
19 avril 2015 13:29 0 messages
AUSONIUS a vécu au IVème siècle après J.-C. , dans la période appelée "Bas-Empire". C’est un poète de langue latine.
Buste d’Ausone, au début de la rue Ausone à Bordeaux, sculpture de Bertrand Piéchaud |
Burdigala est natale solum ; clementia coeli
Mitis ibi et riguae larga indulgentia terrae.
VII-Ausone à Théon Qui lui avait envoyé une trentaine d’huîtres, grosses il est vrai, mais combien peu !
Ces rivales des huîtres de Baïes, ces huîtres que les vagues du reflux des mers engraissent dans les douces eaux des Médules, je les ai reçues, mon cher Théon, et le compte en est facile. Or, chacun des vers suivants en exprime la quantité. Il y en avait autant que l’index désigne de nombres en frappant trois fois le pouce ; autant qu’il y eut de Géryons, si on les multiplie par dix ; autant que feraient les dix années de la guerre de Troie multipliées par trois ; trois fois autant que le soleil couronné de flammes mesura de mois à la fille d’Éole ; autant que la lune voyageuse éclaire de nuits d’un croissant à l’autre ; autant qu’il faut de jours à Titan pour parcourir chacun des signes, ou d’années au lointain Phénon pour remplir sa carrière ; autant que d’années fixées au ministère des vierges de Vesta ; autant que dura d’années le règne du descendant de Dardanus ; autant que Priam eut d’enfants, si on en retranche deux dizaines ; autant qu’il y a de gardiens, si on en double le nombre, des oracles de l’Amphrysienne ; autant que la truie d’Albe engendra de petits sous les chênes ; autant qu’il y a d’as dans quatre-vingt-dix triens ; autant enfin que de rosses attelées à un chariot de Vasates.
Si ces formules déguisées sous le voile de la fable, si ces nombres enveloppés des ambages de la science...
Les moules, qui accompagnaient les huîtres limoneuses, composèrent le premier service de mon repas. C’est un mets délicieux, goûté des nobles, et un aliment de peu de dépense au foyer du pauvre. On ne va pas le chercher au sein d’une mer orageuse, en bravant des périls qui en doubleraient le prix ; mais au bord des eaux, quand la vague s’est retirée, on le recueille sur le rivage, parmi les algues dont il a la couleur. Il est enfermé dans les cavités d’une double écaille, qui, lorsqu’elle est échauffée par les vapeurs de l’eau bouillante, laisse voir nue chair blanche comme le lait.
Pour moi les plus précieuses sont celles que nourrit l’océan des Médules, ces huîtres de Burdigala que leur qualité merveilleuse fit admettre à la table des Césars, qualité non moins vantée que l’excellence de notre vin. Ces huîtres, entre toutes, ont mérité la première palme ; elles ont de bien loin le pas sur les autres : leur chair est grasse, blanche, très-tendre, et à l’exquise douceur de son suc se mêle un goût, légèrement salé, de saveur marine.
Ausone, Notes sur la villa d’Ausone à Bordeaux, Bordeaux, Gounouilhou, 1868, par Reinhold Dezeimeris (1835-1913)
Traduction commandée par Mollat : les "piceos boios" sont devenus des "landais moricauds"...
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