Novembre 2012

D 14 novembre 2012     H 07:32     A Annie Lesca     C 0 messages


Voici l’image qu’il voulait qu’on garde de lui

Lo Papé

par une de ses petites-filles, Valérie Seigne.

Quand je pense à lui, je le revois à la terrasse du Repetto, devant une tasse de café et SON petit pot de lait, un journal déplié au-dessus de son trousseau de clefs Citroën et son regard d’aigle rasant juste au dessus, scrutant les passants...

Il y avait toujours une personne, un ami, un ancien patient, qui s’arrêtait pour le saluer chaleureusement.
La petite fille que j’étais était très fière de ces marques de profond respect, et j’aimais quand il me racontait des épisodes de sa vie. Une vie si longue et si remplie...

Son enfance à La Teste, son père dont il était si fier, sa mère Corse qu’il aimait tendrement, ses années d’interne au Lycée Victor Louis de Talence, ses études de chirurgien dentiste à Bordeaux pendant l’occupation, et la guerre...

Il était plutôt avare de détails sur cette guerre, comme tous ceux qui en ont souffert, mais il aimait parler de ses amis de la Légion quand il s’était engagé comme médecin pour la libération de la poche du Médoc, amis qu’il revoyait régulièrement au Pays Basque...

Souvent il était salué par les veuves et les enfants des anciens combattants.

Mais il n’y avait pas que des saluts respectueux et reconnaissants : il m’est arrivé de croiser à ses côtés des regards plutôt craintifs... sûrement en souvenir d’une dent dévitalisée...

Parfois son regard se voilait doucement quand il parlait de sa femme et de ses enfants, mais pas seulement : nombreux étaient les cousins et cousines et enfants réfugiés qui ont trouvé un foyer auprès de la famille Lesca.

Mon esprit s’envolait avec lui dès qu’il parlait de la forêt, de la navigation sur le bassin et de la mer.

Il avait un charisme et une présence que tout le monde ici ne peut que lui reconnaître. Son esprit et sa curiosité scientifique toujours en éveil.

Ses trente années de retraite, il les a mises au profit de la vie associative d’Arcachon, en aidant la Croix Rouge, en « donnant sa voix », en s’adaptant à 60 ans aux technologies modernes : il donnait des cours d’informatique au Carrefour Universitaire, très soucieux de combler le fossé numérique intergénérationnel.

Lo Papé était un personnage, pour ses nombreux petits et arrière petits enfants, il était le Patriarche, celui qui était toujours à l’écoute de nos projets, mais n’hésitait pas à nous remettre les pieds sur terre ; pour nous il représente à lui tout seul un siècle d’histoire du Bassin d’Arcachon.

Adishatz lo Papé.

Voici le livret

remis aux amis venus se recueillir à la Chapelle des Marins d’Arcachon à l’occasion des obsèques de mon père le lundi 12 novembre 2012 avec deux chants d’adieu, un basque et un corse, choisis par un de ses petits-fils, François Lesca.

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