Livre et/versus Numérique

Retraitée de l’EN et adhérente de "Lire et faire lire" pour intervenir dans une école maternelle de Pessac, j’ai la chance d’avoir suivi de près l’entrée dans la lecture de deux de mes petits-enfants. Les relations houleuses actuelles entre le livre et le numérique dressent une barrière ou creusent un fossé regrettables.

Pendant mes dix années dans l’enseignement (maternelle et élémentaire), mon premier objectif a toujours été d’informatiser ma classe et d’y faire vivre le numérique au quotidien en toute circonstance grâce à plusieurs postes reliés à un serveur abulédu qui me permettait de gérer en réseau du matériel de récupération. J’organisais plusieurs stages par an pour les enseignants en lien avec les développeurs des logiciels libres du Terrier. Je mettais en ligne certains cours ou certaines fiches sur le site dédié libre.pedagosite.net et j’écrivais sur un blog sous spip, ce qui me permettait d’établir un lien avec les familles.

Je profite de mon temps libre de retraitée pour transférer tout ce que j’avais prévu pour la médiathèque d’Abulédu sur Wikiversity : cours et recherches sur la littérature et les illustrateurs de jeunesse anglais ; et je double mes "raconte-moi" (600 enregistrements sonores de contes populaires) de mini-vidéos.

Avant ça, il n’y avait pas de Net dans ma vie intellectuelle mais cela ne me manquait pas car, animatrice du patrimoine (l’été en offices du tourisme et le reste de l’année dans les établissements scolaires), je passais beaucoup de temps dans les bibliothèques et les archives ou sur le terrain à faire des recherches archéologiques locales pour alimenter mes expositions itinérantes à thème, avec la complicité bienveillante du président de la société historique d’Arcachon, Jacques Ragot. J’ai eu la chance de pouvoir suivre des formations régulièrement avec Jeunesse et Sports, ainsi qu’en aménagement du territoire mais l’archivage de tous ces travaux me pose problème. Mes publications ont été rares et quand je retrouve tous ces tapuscrits non numérisés, je me dis que le numérique nous offre un tiers-lieu fantastique pour nos écrits. Vais-je prendre le temps ?